L’agroécologie connaît un essor remarquable en Tunisie, portée par la nécessité d’adapter l’agriculture aux contraintes climatiques tout en préservant les ressources naturelles. L’olivier, cultivé depuis des millénaires sur les terres tunisiennes, se trouve naturellement au cœur de cette transition. Plusieurs exploitations pionnières montrent qu’il est possible de produire une huile d’olive de haute qualité, certifiée biologique, tout en améliorant la biodiversité, la fertilité des sols et l’efficacité hydrique.
L’un des principes clés de l’agroécologie appliquée à l’oliveraie est la diversification biologique. De nombreuses fermes du Sahel, notamment dans les régions de Sousse et de Monastir, ont adopté des systèmes de couverture végétale naturelle entre les rangs d’oliviers. Cette couverture limite l’érosion, améliore la structure du sol et favorise l’activité microbienne. Couplée à l’utilisation de compost issu des grignons d’olive, elle permet d’enrichir la matière organique, un élément crucial pour retenir l’eau dans les sols sableux ou calcaires.
Dans le Cap Bon, plusieurs exploitations adoptent des haies brise-vent composées d’espèces locales comme le caroubier, le pistachier lentisque ou certaines variétés d’acacias. Ces haies protègent les parcelles des vents marins et favorisent la présence d’auxiliaires naturels de lutte biologique, réduisant ainsi le besoin de traitements même autorisés en agriculture bio. Certaines fermes ont également réintroduit des légumineuses en rotation ou en interculture, permettant de fixer l’azote atmosphérique et de réduire la dépendance aux amendements externes.
Dans les zones plus arides du Centre-Ouest, la résilience passe par une combinaison entre variétés locales adaptées (Chemlali, Oueslati), irrigation minimale et pratiques agroécologiques comme le paillage organique, la gestion raisonnée de la taille et l’intégration d’animaux (pâturage contrôlé des moutons). Ces systèmes, inspirés de pratiques traditionnelles, montrent une forte capacité d’adaptation, notamment lors des années à faible pluviométrie.
Les impacts observés sont significatifs. Les analyses du ministère tunisien de l’Agriculture, couplées à plusieurs études de la FAO, indiquent une amélioration mesurable de la matière organique, une meilleure rétention d’eau et une réduction de l’érosion, particulièrement dans les sols sensibles du Sahel. Les producteurs ayant adopté l’agroécologie constatent également une plus grande stabilité de leurs rendements, même en années difficiles, ainsi qu’une meilleure qualité des huiles due à un état sanitaire amélioré.
Ces expériences locales démontrent que l’agroécologie n’est pas seulement un discours ou une tendance. Elle représente une voie réaliste, scientifiquement fondée, permettant de renforcer la durabilité de l’oléiculture tunisienne sans compromettre la rentabilité économique. Les exploitations pionnières deviennent ainsi des modèles à suivre pour une filière qui cherche à concilier tradition, innovation et respect des écosystèmes.
Sources
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FAO – Agroecology in North Africa : https://www.fao.org/
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Ministère tunisien de l’Agriculture – Rapports sur l’agriculture durable : https://www.agriculture.tn/
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GIZ Tunisie – Programmes de soutien à l’agroécologie : https://www.giz.de/
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International Olive Council – Sustainable olive growing : https://www.internationaloliveoil.org/
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