Le bassin méditerranéen subit une transformation climatique rapide : hausse des températures moyennes, recul des précipitations, multiplication des épisodes de sécheresse et salinisation progressive de certains sols. Ces pressions bouleversent les conditions de production de l’olivier, un pilier économique et culturel pour des millions de familles. Face à cette situation, la recherche agronomique accélère le développement ou la sélection de variétés capables de mieux tolérer ces contraintes. S’agit-il d’une véritable révolution ou simplement d’une évolution naturelle du matériel végétal ?
Avant même l’apparition des programmes de sélection, plusieurs variétés traditionnelles possédaient déjà une résilience remarquable. En Tunisie, la Chemlali est un exemple emblématique : elle prospère dans des zones arides, avec des niveaux de pluviométrie parmi les plus faibles du bassin méditerranéen. Sa capacité à produire régulièrement malgré des conditions sévères en fait un matériau précieux pour la recherche. La Chetoui, quant à elle, montre une meilleure résistance aux basses températures, ce qui lui permet de s’adapter aux régions du Nord. En Espagne, la Picual confirme chaque année sa robustesse face au stress hydrique, tandis que la Koroneiki grecque s’adapte naturellement aux climats très chauds.
Les programmes de sélection génétique développés ces vingt dernières années ont permis d'explorer cette diversité naturelle. Contrairement à une idée reçue, il ne s’agit pas de modification génétique, mais de croisements traditionnels, d’évaluations pluriannuelles et de sélection de plants plus performants. Les centres de recherche tels que l’INRGREF en Tunisie, l’IRTA en Espagne ou l’IFAPA en Andalousie travaillent sur plusieurs axes : amélioration de la tolérance au stress hydrique, résistance au sel, résistance aux pathogènes, et stabilité de la production en conditions extrêmes.
Parmi les variétés issues de ces travaux, certaines commencent à se distinguer. En Espagne, ‘Sikitita’ et ‘Chiquitita’, développées pour les systèmes super-intensifs, montrent une bonne adaptabilité aux climats secs et chauds, tout en garantissant un rendement régulier. Des sélections tunisiennes, encore en phase d’évaluation, présentent une production plus stable que la Chemlali dans les régions très arides. D’autres programmes explorent l’utilisation de porte-greffes plus résistants pour renforcer le comportement hydrique de l’arbre.
Cependant, il serait exagéré de parler de révolution. Une variété ne peut à elle seule compenser un déficit hydrique majeur ou neutraliser les effets des vagues de chaleur extrêmes. La résilience dépend d’un ensemble de facteurs : densité de plantation, gestion de l’eau, fertilité du sol, couverture végétale, conduite de l’arbre et pratiques agroécologiques. Les variétés résistantes ne sont qu’un élément d’une stratégie globale d’adaptation au changement climatique.
L’évolution génétique de l’olivier constitue néanmoins une avancée importante. Elle ouvre des perspectives concrètes pour maintenir la compétitivité de la filière, sécuriser les revenus des producteurs et renforcer la durabilité des systèmes biologiques dans les régions les plus vulnérables du bassin méditerranéen.
Sources
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INRGREF Tunisie – Programmes de sélection de l’olivier : http://www.inrgref.agrinet.tn/
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FAO – Olive Genetic Resources : https://www.fao.org/
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IFAPA Andalucía – Olive breeding research : https://www.juntadeandalucia.es/agriculturaypesca/
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IRTA Espagne – Research in climate-resilient crops : https://www.irta.cat/
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International Olive Council – Genetic diversity and olive cultivars : https://www.internationaloliveoil.org/
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